L'Arya

"Ceci est le smrti, Julia. Ce qui est rappelé." L'ancien parlait dans un ton doux et clair tandis qu'il faisait des gestes au paysage qui changeait soudainement. Maintenant, des murs blancs pâles les entouraient, peints de couleurs vives à certains endroits et décorés de cailloux colorés à d'autres. Les oreillers de la maison de thé étaient partis, remplacés par des pierres lisses et humides. Julia s'émerveilla de la transformation, de la caresse du parfum, des sons et des sensations... et nota la fugue disjointe passé/présent/futur qui vint avec les perceptions de la magie du Temps. Comme vivre toute votre vie en une seule fois, réflèchit-elle. Ou plusieurs vies...

"Je vivais autrefois dans cette ville," dit Takstang. "Je venais chaque jour me laver à ce bassin. Ce soleil au dessus de nous est le soleil de l'Inde, trois ou quatre cent ans avant la naissance de Buddha. Mon peuple vivait içi sur les rives de la rivière Sarasvati, et nous étions civilisé bien avant les Européens. Bientôt, on nous oubliera. Dans des jours à venir, certains nous appellerons "Arya" ou Aryens. A ce moment là, nous nous appellions "Yehnn," ou "peuple de la grande rivière." Nous possèdions l'architecture, l'agriculture, l'astronomie, de sages tuteurs, des écrivains et des poètes, et une religion en harmonie avec la Terre et l'univers, une de celles qui n'existent plus sauf pour les Onirologues et leurs semblables. J'étais un marchand et j'ai renoncé à ma richesse pour joindre les prêtres fous dans les bois."

"Suis moi," dit-il, et ils s'aventurèrent dehors. Julia fut aveuglée par le pure, ébouissant rayon de soleil. A quelque distance, il y avait de la musique. Dans une rue annexe, elle pouvait voir une procession d'hommes et de femmes marchant solennellement, certains en robe, d'autres presques nus. Ils tenaient de hautes bannières colorées, les drapeaux lumineux claquant sur des poteaux plus hauts que les maisons. Une ligne de gens chantant et dansant suivait les bannières, transportant des cruches d'argile et des plateaux de grains sur leurs épaules.

"Ce bâtiment sur la colline est notre temple, mais le festival d'aujourd'hui ne se tiendra pas là. La procession va du nord de la forêt jusqu'à la berge de la rivière, et le temple est construit à mi-chemin des deux. C'est le solstice d'été, et le dieu que nous adorons, le Seigneur des Animaux et des Lieux Sauvages, est aujourd'hui à égalité avec son consort. Demain sa femme, la déesse que je nommerai pas, le surpassera, et dirigera jusqu'au solstice d'hiver."

"Tout est une partie de la Grande Roue, la mort de l'année, la nouvelle vie qui éclos. Vous le savez et ils le savent, mais c'est souvent oublié."

La scène change encore, et les deux personnes se tiennent sur une pente stérile couverte d'herbe séchée et craquante. Takstang marche alors à grand pas droit devant, le pied sûr, et Julia lutte pour rester avec lui sur la paille glissante. A distance, une autre procession fait son chemin à travers la terre dévastée. Une ligne loqueteuse de marcheurs mènent leurs animaux osseux devant eux, mèlant charriots, chevaux et bêtes de somme. Julia pouvait voir des rémanescence de bannières comme celles dans la grande cité, utilisés désormais afin d'attacher des paniers aux dos du bétail ou des singes.

"Ce sont les reste du peuple Sarasvati. Nous sommes peut-être deux cents ans avant le Christ. Leur rivière est assèchée maintenant, et ils doivent laisser leur maison à la pitiè du sable. Il y a un dicton : Cent ans une cité, cent ans un désert. c'est une partie de la Grande Roue, perdre les cités et les maisons au profit du temps et de la nature. Les civilisations ont un temps de vie aussi."

Sur le côté d'une colonne près d'eux, un vieil homme dans une robe de prêtre déchirée lance des mots d'encouragements aux réfugiés.

"C'est moi, dans cette incarnation," continue Takstang, "cette fois je fus entrainé à mon destin depuis la naissance, dans les dernières années avant que nous ne quittions le Sarasvati. C'était un mauvais moment pour être un Rshi, être un mage ou un prêtre. Nous ne pouvions empêcher le désert de prendre notre terre. Nous ne pouvions donner une facile ou confortable raison pour la dévastation. Au lieu de cela, nous organisâme la migration de ceux qui étaient toujours vivants. Nous devions croire nos visions de meilleures terres au sud, et nous demandions aux gens de nous croire, nous et les esprits auxquels nous parlions. Afin de sauver le plus grand nombre, nous devions laisser derrière ceux qui ne pouvaient suivre, bien que cela signifie leur mort. Nous avons du laisser les faibles pour survivre, bien qu'ils soient nos frères et nos soeurs, nos parents et nos enfants."

Le vieux prêtre tourna sa masse afin d'observer l'horizon et les replis des collines sèches. Il lança un brusque cri, puis sauta promptement sur le dos d'un cheval à ses côtés. Montant à cru, il claqua les flancs de sa monture avec ses genoux et remonta la colonne jusqu'à un groupe de lanciers. Julia ne pu que le voir pointer vers l'ouest, dans le soleil bas de l'après-midi.

"Ils sont sur le point d'être attaqués," dit Takstang.

Julia fronça les sourcils, changeant son poids avec difficulté.

"Leurs animaux sont toujours valables. L'esclavage, aussi, est commun en ce temps." Il regarda. "Je mourrai aujourd'hui, mais la marche continuera et les Aryens, les Nobles, atteindrons le sud, leur corps invaincu. Ils sont durs, impitoyables et bien chevronnés par le temps passé à atteindre le Gange. Le temps venu, ils découvrirons qu'il aiment se battre et les tempêtes, le soleil et le vent solide sont leurs alliés."

Un nuage de poussière se formait doucement sur les collines ensoleillées, et les réfugiés dans le milieu de colonne doublèrent leur pas. Les lanciers de la section arrière se frayèrent un chemin à travers les charriots, formant une barrière à l'ouest.

"Nous nous déplacerons. Vous êtes jeune et civilisée, et cette bataille va être très sanglante. De plus, il n'est pas bon de revivre trop souvent nos propres morts."

Il bougea la main en un geste de déni et la prairie disparue. Désormais, les deux mages sont assis sur le rebord d'une fenêtre haute, les jambes pendant dans le vide. Une rue large et encombrée s'étend devant eux, et Julia fronça le nez comme l'odeur lui parvint.

"C'est leur nouvelle cité. La ligne brune au loin, c'est le Gange. Ces bâtiments en briques sont les maisons des hommes riches. Sous nous se trouve les marchés et au-delà se trouvent les cabanes où les hommes pauvres vivent. Chaque homme et femme a sa tâche, et ils élèvent leur enfants à faire ce qu'il doivent. Içi, le peuple passe toujours la profession dans la famille, et le système de caste, jati, dirige la société."

Il se tourne afin de voir à travers la pièce, afin de voir à travers une autre fenêtre. "Ceci sont les temples de quartier du voisinage. Vous pouvez voir qu'il y a différents sanctuaires, c'est une choses nouvelle. Ces nombreux dieux cachent les couards derrière le masque de conquérants." Takstang s'adossa à l'arête du mur. " Les Aryens devinrent physiquement très forts pendant leur voyage, et semblèrent braves à leurs yeux et à ceux du peuple qu'ils conquérirent pour ces terres. Mais tous étaient dans le mensonge. Les nobles ne sont pas braves. Leurs coeurs ont peur de la Grande Roue désormais. Ils n'écoutent pas les Rshis qui leur disent qu'ils doivent mourir et revenir, souffrir dans cette vie et revenir encore afin de complèter le Cycle. Ils ont créé de nouveaux dieux afin de les conforter et leur donner une après-vie de repos et de paix et ils disent que cela est plus vrai et mieux que les anciennes traditions."

"Beaucoup de gens ne croient pas en la réincarnation," dit Julia.

"Je sais. Et peut-être qu'il n'y a rien de faux dans cela. Mais les Rshis, içi, s'inquiètent que le peuple ne rejoigne jamais le Cycle ni n'en fasse son paradis, mais veut hanter le vivant et renverser la Grande Roue."

"Comme des fantômes ?"

"Exactement comme des fantômes," dit sèchement le vieil Euthanatos.

"Ainsi." Il continua. "Le peuple et sa nouvelle religion vivèrent dans les villes, et quelques Rshis les rejoignirent, les premières graines du Choeur Céleste en Inde. Les Aryens firent de la politique et la guerre à chacun et aux terres les entourant, firent des mariages locaux pour mettre un terme aux guerres et unir des petits royaumes. Les vieux religieux Rshis et leur familles quittèrent bientôt les nouvelles terres, à l'est et au sud, se rendant au Bengale et au Deccan, plus loin dans les terres des Dravidiens, et au nord dans les contreforts de l'Himalaya. Finalement, tous les Sarasvati les oublierons. Les vedas qu'ils composent garderons seulement leurs "fiers" noms et qu'ils sont venus du Nord-Ouest. Toujours plus tard, les étudiants qui ont étudié ces Vedas conclueront que les Nobles étaient blancs, qu'ils venaient des terres du nord, ou qu'ils étaient Asiatiques, franchissant les montagnes comme le firent les Chinois. Ces théories sont fausses. Notre cycle commence avec les Sarasvati. Tout le reste n'est que boue de berge et eau de ce qu'il en reste."