Tribunal (Fonctionnement intérieur)

Enfin, la cellule était silencieuse. Theora, d'abord timide et suspiscieuse, avait trouvé sa voix. A la douce demande de Mitzi, elle avait raconté l'histoire de sa vie. Quatre heures avaient passé, et désormais le torrent de mots, la terreur et la haine cessèrent. Theora s'assit silencieusement sur sa chaise de bois éclatée, les mains molles, les yeux fixés sans espoir sur un point d'espace vide. Mitzi réalisa soudainement que c'était probablement la première fois dans la vie de la jeune femme que quelqu'un l'écoutait.

Mitzi prit sa décision.

Apprentissages
"Avez-vous été initiée à une expérience post-mortem par Voormas ?"

La souffrance se lut sur le visage de Theora, et elle acquiesca.

"Avez-vous appris le Chodona ?"

La prisonnière acquiesca encore.

"Récitez-le," ordonna Mitzi, creusant le sujet, "de façon aussi proche que possible des mots qu'il vous apprit, s'il vous plait."

Theora s'assit le dos droit, croisa les mains, ferma les yeux, et récita dans un ton monotone. Le stylo d'argent flasha six fois, enregistrant hâtement les changements, les omissions et les altérations. Avec chaque note, le froncement des sourcils de l'écrivain se fit plus profond. Envolées étaient les mentions de 'gardiens de l'humanité', 'ne jamais fermer son coeur', ou 'danger de corruption'. Après la huitième Parole de la Roue, elle laissa tomber son stylo, se calma et se retourna vers la fille.

"Cela aide t-il ?" demanda Theora.

"Non, en fait, cela ne sert pas." grimaça Mitzi. "En vous initiant aux Euthanatos, Voormas s'est rendu responsable de vos actions. Il fut votre professeur et conseiller et peut être reconnu criminel pour vos méfaits, particulièrement s'ils ont été commis sous sa direction. Notre Tradition croit dans de très long apprentissages et des relations étroites entre le maître et l'étudiant, il y a toujours un danger qu'un nouveau mage initié devienne solitaire. Le professeur est responsable de la traque et de la destruction de ses fautes."

"Mais une fois que les nouveaux Euthanatos ont appris le Chodona et ont demontré qu'ils ou elles le comprennent complètement, ils sont considérés comme un véritable membre de la communauté Chakravanti, et ils sont complètements responsables de leurs actes."

Elle fit une pause, mordant ses lèvres. "J'espèrais que vous n'aviez jamais entendu le Chodona et que je puisse techniquement dire que vous n'êtiez qu'une apprentie. Malheureusement, vous avez votre Chodona en mémoire."

Theora plissa ses yeux, hésitante mais curieuse. La fille était très observatrice.

"Oui, Theora. Votre Chodona. Il n'y a rien de l'original. Strictement parlant, ni vous ni aucun des autres suivants de Voormas sont Euthanatos."

Les yeux de la jeune assassin s'embrumèrent de larmes.

"Oh, non, non ! " s'exclama Mitzi. "Ne vous vexez pas." Elle s'agenouilla près de la vieille chaise et tapota les épaules de la fille. "Nous ne vous abandonnerons pas. Ce n'est pas notre genre."

Témoignage : Affaires Internes
La voix de Tom Smithson gronda comme une tempête approchante : "Avant que nous ne commencions, le Conseil m'a demandé de clarifier le but de cet auditoire. Comme l'évidence présenté içi pourrait s'avèrer utile dans le jugement de la maison entière de la Maison Helekar, certaines questions non directement liées à ce cas particulier pourront être permises."

Julia lança un regard sardonique à son professeur. Smithson s'assit, et la grande masse des spectateurs s'installa.

"Raging Eagle, vous pouvez commencer," dit Smithson.

Le procureur murmura abruptement à ses compagnions. Tanaka escorta un jeune homme habillé d'une combinaison spatiale. Son visage pâle et émacié était marqué de récentes cicatrices. Ses pas étaient lents et incertains. Le Frère Akashite le mena à la chaise des témoins et retourna à son poste.

Raging Eagle se leva doucement, avec dignité, et lorsqu'il parla, sa voix grave résonna dans le dome du hall.

"Vous êtes Michael Fitzgerald de l'Ethership Thunder Child ?"

"Oui, monsieur. Enfin, de ce qu'il en reste toutefois," répondit Fitzgerald.

"Pouvez-vous, s'il vous plait, dire au Conseil ce qui arriva lors du dernier voyage du Thunder Child ?"

"Oui, monsieur," dit Fitzgerald ne regardant pas facilement le prisonnier. "Je considèrerai cela comme un devoir à mes compagnons de vaisseau..."

L'heure suivante fut un spectacle d'horreurs, un compte détaillé de la traîtrise et la destruction d'un fin et respectable Ethership, la torture de son équipage et la sauvagerie des attaquants, les mages de la Maison Helekar. Fitzgerald, le seul survivant du carnage, parla avec un ton doux et insistant. Il parla de la bataille de son vaisseau avec les Ingénieurs du Vide et les dommages qu'il subit, de l'offre d'Helekar de fournir un abri et l'hospitalité, des rituels qui inversèrent cette hospitalité, tournant les invités en prisonniers désespérés, de son abandon du Royaume tandis que le vaisseau se désintégrait autour de lui, de ses trois mois piégé avec le corps pourrissant de son meilleur ami. Pire de tout, il parla de Theora Hetirck, une accomplie parmi tous.

Même Mitzi sembla horrifiée. Le visage de Theora ne trahit rien.

A la fin, Smithson demanda une pause. Le hall explosa en paroles et accusations.

"Cela sera plus dure que ce que nous ne le pensions." murmura Julia.

La Bonne Mort
Son nom était Murphy, et grande était sa colère. Après une altercation sur le sol du Conseil, Tom Smithson le mena à la chaise des témoins. "Nous ne sommes pas des meurtriers," insista t-il. "La Bonne Mort n'est pas à prendre avec des pincettes, avec colère ou avec dédain. Nous ne tuons pas des gens pour le plaisir. La plupart du temps, nos ne tuons même pas pour un besoin sacrificiel, à moins que ce sacrifice ne soit nôtre."

"Cela s'oppose à la réputation connue de votre Tradition," dit Raging Eagle comme le témoin s'assoyait. "Je peux moi-même attester que les votre tuent, tuent souvent et tuent pour leur devoir si ce n'est pas pour le sport."

"Je n'ai pas dit que nous ne tuions pas." Murphy fit rage de ses propos. "J'ai dit que nous ne commettons pas de meurtre !"

"Quelle est la différence ?" Ceci vint de Mitzi, qui espérait que Murphy fournisse la réponse correcte.

Il le fit : "Le meurtre est un cirme commis par avarice, luxure, colère, etc. C'est essentiellement corrupteur, le tueur privilégiant ses propres buts devant la vie actuelle d'un autre."

"Ce que nous faisons, ce que nous essayons de faire, toutefois est de l'assassinat : Une personne met hors course une autre personne afin de sauver les vies ou les âmes d'innocents. Il n'y a pas d'intérêt personnel dans la mort. Aucun. Si vous trouvez une personne dont la mort vous semble nécessaire, et vous ou les votre avez été blessés par lui, vous devez trouver quelqu'un d'autre afin d'évaluer la situation avant de prendre les armes. C'est seulement en étant complètement détaché que vous pouvez éviter un mauvais karma."

"Et qu'est-ce qui vous donne le droit de juger ?" demanda Nadja Bantu.

"Ah. C'est LA question, n'est-ce pas ?" Murphy se raidit dans sa chaise. "En premier lieu, nous sommes tous mort en partie auparavant. Ne jamais envoyer un autre où vous n'êtes pas allé. En second lieu, nous justifions le choix de la victime très précautionneusement. Ce doit être quelqu'un qui est plus mauvais pour le monde en son sein plutôt qu'en dehors. Aucune qualité de rédempteur toutefois. S'il envoie de l'argent de la vente de sa drogue afin d'aider sa mère, vous devez être sur qu'elle ait une autre source de revenus. En troisième point, si vous êtes pris à tuer, vous êtes emprisonné, tué ou pire, vous pouvez êtes sur que l'assassinat ne vaut pas votre vie. Ne faites jamais à quelqu'un ce que vous ne vous feriez pas."

"Avez-vous déjà tué un homme ?" demanda le Dr Spence.

"J'échoue à voir de quelle façon cette question relève de l'affaire de Theora ou de la Maison Helekar," dit Mitzi.

"C'est bon, Mitz. Dix-sept hommes, Docteur, tous des tueurs en série que la police ne put pas attraper. J'ai supprimé quelques Vampires, aussi." Un battement de coeur se passa. "Avez-vous déjà tué un homme, Docteur ?"

"Je...Je ne pense pas...oui, sous le feu. Jamais de sang froid."

"Madame Bantu ? Vous ?" Murphy sourit gentiment. La dame ne dit rien. "Raging Eagle. Je suis sur qu'un Frère Akashite comme vous a du sang sur ses mains. Du sang d'Eveillé, aussi."

"Cessez, Murphy," commanda Mitzi. "Ceci ne prouvera rien."

"J'ai tué," dit Raging Eagle lentement, "lorsque ma propre vie ou la vie des autres était en danger. Je regrette d'avoir eu à le faire."

"Et vous Mitzi," traina le témoin, "avez-vous déjà sorti un mauvais gars ?"

Mitzi cligna des yeux. A l'étonnement de Julia, le regard de Mitzi resta sur Raging Eagle, pas Murphy, comme elle parlait doucement : "Non. Je n'ai jamais tué personne."

Second jour : La maison exposée
Mark Hallward Gillan, un Hermétique banni qui a rencontré l'Archimage Voormas, marchait indifféremment à travers l'assemblée jusqu'à la barre des témoins. Il hocha la tête à la défense d'un air suffisant et souria méchamment au Maître Hermétique Vargas Sao Cristavao. Le vieux sorcier jeta un regard furieux, rapace et implacable. Mitzi regardait Gillan, précautionneusement et respectueusement. Il nous a mené ou il le voulait, pensa t-elle. Est-ce une mauvaise chose à considérer ?

Raging Eagle parla : "Vos nom, rang, secte et Tradition, s'il vous plait."

"Gillan. Mark Hallward Gillan. Exilé de l'Ordre d'Hermès pour avoir été correct, trois ans plus tôt, ce Janvier. Excusez-moi de ne pas donner mon rang, ce serait dire à mes ennemis combien de balles possède mon chargeur."

Raging Eagle hocha la tête à Tsai. Le jeune homme prit un important tas de dossiers et en distribua neuf à la Table, deux à la défense et trois à la sienne. Après un regard de son supérieur, il en donna un à Theora.

"Si vous voulez tous bien ouvrir vos dossiers," commença Gillan, "nous commencerons avec la Maison Helekar du Cap. En 1990, je trébuchait sur le premier corps, une jeune fille de dix ans étalée en pièces dans une décharge près des appartements du Cap..."

La première et seconde image étaient perturbantes mais non concluantes. La troisième était condamnante : Theora Hetirck, dansant sur un flux de Quintessence empoisonné sur un Node à Dachau. Les visages distordus des âmes perturbées hurlant silencieusement sur la photo brillante. La voix de Gillan commenta les détails, rigoureux dans ses vindications. Pour lui, le moment était triomphant.

Julia pti une inspiration profonde et tourna la page. Mitzi, dont la mère portait des cicatrices des ghettos Polonais, regardait la photo depuis très longtemps. L'exposition mordante de Gillan la secoua, non entendue.

Beaucoup plus tard :
"J'ai essayé trois fois auparavant à intéresser mes supérieurs au bain de sang. Ils me dirent que j'avais besoin de preuves. Je les leur ai donné. J'ai également offert aux sanglants "donneurs de Bonne Mort" une chance de s'expliquer eux-même. Le Comité de Grief Hermétique confirma que ce que tout ce que je dit fut vrai, et sous l'estimable commandement de Maître Cristavao, ils s'en occupèrent." Gillan ignora les accès de rage de la Table. "Alors, ils m'exilèrent et mirent ma tête à prix. Je n'ai pas eu de réponse des Euthanatos. Oh, bien sûr, aucune réponse que je ne puisse citer, bien sûr."

"La réponse que je reçu fut celle-là : Sept de mes contacts moururent dans la semaine après que j'eu parlé aux nécros. Seize de plus sont parti désormais. Je veux savoir qui savait quoi et quand. Je veux savoir ce qu'ils firent à ce propos. Je veux le savoir maintenant ! Je veux savoir pourquoi il a été permis que cela continue, et pourquoi personne dans le Grand Haut Commandement Euthanatos a pris des précautions !"

"Pourquoi ne l'avons-nous pas fait ?" demanda Julia à voix basse.

La voix de Mitzi ne s'entendit pas : "Nous l'avons fait. Nous ne voulions tout simplement pas que les autres le sachent avant que nous n'ayons réglé la question".